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Le biais du tout ou rien : un phénomène psychologique qui freine l’adoption durable d’habitudes de vie actives.

Il est courant de penser qu’un incident ponctuel, comme une séance d’entraînement manquée ou un écart alimentaire, justifie l’abandon complet du programme pour le reste de la semaine. Ce mode de raisonnement, connu sous le terme «tout ou rien», est un obstacle majeur à la constance et à la durabilité des habitudes. Pourtant, les recherches en psychologie du comportement montrent qu’un échec ponctuel ne doit pas invalider tous les efforts précédents. La continuité globale est le facteur clé du succès.


Même lorsqu’une journée est «échappée», il n’existe aucune justification scientifique pour considérer que tous les efforts précédents sont perdus. La formation d’habitudes repose sur la répétition cumulative d’actions régulières, et non sur la perfection quotidienne. Chaque acte, même de faible intensité, contribue à renforcer les circuits neuronaux impliqués dans le contrôle des comportements et dans la régulation émotionnelle.


Pourquoi tombons-nous dans le «tout ou rien» ?


Le biais «tout ou rien» est en partie lié à des mécanismes cérébraux. Après un écart, le cortex préfrontal peut évaluer la situation comme un échec complet, ce qui déclenche une réaction émotionnelle de frustration ou de culpabilité. Cette réponse augmente le risque de décrochage et de passage à l’extrême opposé : abandon complet des habitudes. Simultanément, le système dopaminergique, qui régule motivation et récompense, peut être perturbé, ce qui réduit temporairement la motivation pour les actions futures.


Psychologiquement, ce biais correspond à une tendance naturelle à catégoriser les événements en tout bon ou tout mauvais, sans reconnaître la nuance. Pourtant, les études montrent que la constance sur le long terme est beaucoup plus déterminante que la perfection ponctuelle. Les habitudes solides se construisent sur la répétition et l’intégration progressive des comportements, et non sur l’évitement absolu de toute erreur.


Transformer une journée ratée en opportunité


Reconnaître qu’une journée «ratée» fait partie du processus est essentiel. Une séance manquée ou un repas moins équilibré ne doit pas annuler vos efforts. Au contraire, ces écarts peuvent être utilisés pour ajuster votre plan et renforcer votre résilience comportementale.

Des stratégies simples permettent de limiter l’impact du biais «tout ou rien» :


  • Reconnaître l’écart comme ponctuel et non récurrent.

  • Reprendre l’habitude dès le jour suivant pour maintenir le rythme et la répétition.

  • Ajuster l’intensité des prochaines actions si nécessaire, en optant pour des séances plus courtes ou modérées.

  • Célébrer les petits succès pour renforcer la motivation et le sentiment de compétence.

  • Apprécier la vie et réaliser que profiter fait aussi partie d'un mode de vie équilibré!


Ces stratégies sont soutenues par la psychologie comportementale : la répétition et la récupération rapide après un écart favorisent la consolidation des circuits neuronaux responsables des habitudes.


L’accompagnement pour prévenir le décrochage


Le rôle du kinésiologue est déterminant pour sortir du piège du « tout ou rien ». Contrairement aux approches plus rigides ou extrêmes parfois véhiculées par certains coachs ou intervenants, l’accompagnement en kinésiologie repose sur la science du comportement, l’analyse du mode de vie et une progression adaptée à la réalité de chaque personne.


Un accompagnement professionnel permet de :

• Planifier des séances réalistes, structurées et adaptées aux imprévus. Le kinésiologue analyse votre horaire, vos contraintes, votre niveau d’énergie et votre vécu pour créer un plan qui fonctionne dans le vrai monde, pas seulement sur papier.

• Introduire la flexibilité comme outil de réussite, grâce à des plans alternatifs (plan A, plan B, plan C). L’objectif n’est pas d’être parfait, mais de toujours avoir une option accessible — même lorsque la journée déraille.

• Prévenir la culpabilité liée aux écarts en adoptant une vision globale de la progression. Une journée plus difficile ne remet pas en question votre engagement : le kinésiologue aide à normaliser ces fluctuations et à comprendre qu’elles font partie du processus.

• Éviter les pièges des approches extrêmes. Certaines méthodes ou certains coachs valorisent encore les “no excuses”, les entraînements à outrance ou l’idée qu’un plan doit être suivi à la lettre pour être efficace. Ces messages renforcent le biais du tout ou rien et mènent souvent à l’épuisement, à la démotivation et parfois même à la blessure. Le kinésiologue, lui, travaille dans la nuance, la progression, la sécurité et l’autonomie.


Au final, l’accompagnement en kinésiologie n’a jamais pour but de viser la perfection. Il vise plutôt à faciliter la constance, à bâtir des habitudes durables et à soutenir la personne dans toutes les phases de son parcours — ce qui est, en réalité, le véritable moteur de la santé et du bien-être.


Conclusion : privilégier la constance à la perfection


Le biais du «tout ou rien» est naturel mais contre-productif. Une journée ratée ne doit pas être considérée comme un échec global, et il est crucial de revenir rapidement à la routine. La constance, la flexibilité et la bienveillance envers soi-même sont les véritables leviers pour construire des habitudes durables.


En pratique :

  • Tentez d'acceptez les écarts ponctuels sans culpabilité.

  • Reprenez vos habitudes dès le lendemain. Évitez de rentrer dans un cercle vicieux.

  • Intégrez des micro -séances et ajustez l’intensité selon vos ressources.

  • Célébrez chaque action pour renforcer la motivation et le sentiment de contrôle.

  • Travailler sur votre discours intérieur; parlez-vous avec douceur et bienveillance. La culpabilité ne mènera à rien de bon!


Ainsi, même face à des imprévus, vous continuez à progresser, à protéger votre santé et à renforcer votre résilience. La constance sur le long terme l’emporte sur la perfection quotidienne.


Références scientifiques

  • Lally, P., van Jaarsveld, C. H. M., Potts, H. W. W., & Wardle, J. (2010). How are habits formed: Modelling habit formation in the real world. European Journal of Social Psychology, 40(6), 998‑1009. https://doi.org/10.1002/ejsp.674

  • Wood, W., & Neal, D. T. (2007). A new look at habits and the habit-goal interface. Psychological Review, 114(4), 843‑863. https://doi.org/10.1037/0033-295X.114.4.843

  • Kredlow, M. A., Capozzoli, M. C., Hearon, B. A., Calkins, A. W., & Otto, M. W. (2015). The effects of physical activity on sleep: A meta-analytic review. Journal of Behavioral Medicine, 38, 427–449. https://doi.org/10.1007/s10865-015-9617-6

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